La censure du Gouvernement de Michel Barnier a fortement perturbé le calendrier budgétaire.
Le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) a été rejeté par l’Assemblée nationale au terme de la procédure de l’article 49.3. Le projet de loi de finances (PLF) pour 2025, qui poursuivait son parcours au Sénat, est caduque.
Une loi spéciale est en cours de discussion pour autoriser la perception des impôts existants et le recours à l’emprunt jusqu’au vote d’une loi de finances. Les dépenses, elles, pourraient être autorisées par décrets du Premier ministre, en reconduction des crédits 2024.
Dans cette incertitude institutionnelle et politique totalement inédite, il est difficile pour les collectivités locales de stabiliser une prospective et finaliser un budget. Beaucoup ont d’ailleurs fait le choix de décaler leur débat d’orientations budgétaires et l’adoption de leur budget primitif.
Quelles hypothèses les communes et les EPCI peuvent-ils raisonnablement retenir à ce stade ?
Il est probable que la version du Sénat du PLF 2025, qui revoyait largement la copie du gouvernement Barnier, esquisse une prochaine version du PLF. Les collectivités contribueraient toujours au redressement des finances publiques, mais l’effort demandé serait réduit à 2,2 Md € contre 5 Md € dans la première version du PLF.
Passage en revue de l’évolution des différentes mesures touchant les collectivités.
Fonds de précaution : vers un élargissement du nombre de communes concernées
C’était la principale innovation – et la plus contestée – du PLF première version. 450 collectivités, dépassant les 40 M€ de recettes réelles de fonctionnement, étaient appelées à participer à l’effort de redressement des comptes publics en contribuant à hauteur de 2 % de leurs recettes de fonctionnement à un « fonds de précaution »
Michel Barnier avait annoncé un assouplissement de la mesure pour épargner une cinquantaine de Conseils départementaux. En compensation, le projet de l’exécutif et de la majorité sénatoriale consistait à élargir le nombre de communes contributrices, à 2 387 précisément, mais sur des montants plus faibles de ponction.
Les sommes prélevées seraient intégralement ou quasi intégralement restituées à partir de 2026 aux collectivités ponctionnées.
TVA : confirmation par le Sénat du gel en 2025
Malgré l’allégement de l’effort demandé aux collectivités, le Sénat avait confirmé le gel, en 2025, des fractions de TVA affectées aux collectivités en compensation de la taxe d’habitation et de la CVAE.
Les fractions 2024 ayant été finalement plus faibles que celles annoncées en début d’année, si cette mesure était confirmée, les intercommunalités auraient à subir une perte très préjudiciable de la dynamique d’une partie de leurs recettes.
Vers une annulation de la réforme du FCTVA ?
Le Sénat a supprimé la réforme du FCTVA. Elle devait conduire à une réduction du taux de 16,404 %, à 14,85 % à partir du 1er janvier 2025, et limiter le FCTVA aux seules dépenses d’investissement.
Le Gouvernement était prêt à revenir sur la rétroactivité de la mesure pour les collectivités qui perçoivent le fonds de compensation en décalage d’un ou deux ans. Les sénateurs étaient donc allés plus loin.
L’évolution du taux de cotisation de la CNRACL
Le Gouvernement démissionnaire l’avait approuvé et le Sénat l’avait adopté : l’augmentation de 12 points du taux de cotisation à la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales (CNRACL) devait être lissée sur quatre ans jusqu’en 2028. Soit une augmentation de trois points en 2025, plutôt que quatre. Nous ne savons pas, pour l’heure, si cette mesure sera ou non confirmée par le prochain Gouvernement.
Dotations : vers un abondement de l’enveloppe ?
Dans le premier projet de loi de finances, le montant de l’enveloppe de la dotation globale de fonctionnement (DGF) pour 2025 restait inchangé par rapport à 2024.
Au sein de cette enveloppe en revanche, la Dotation de solidarité urbaine et de cohésion sociale (DSU) et la Dotation de solidarité rurale (DSR) devaient augmenter de 140 M€ et 150 M€. Au détriment donc de la dotation forfaitaire.
La dotation d’intercommunalité devait progresser, quant à elle, de 90 M€ (comme en 2024). Cette hausse était financée par un "écrêtement" de la dotation de compensation.
Le Sénat avait choisi, pour éviter une baisse de la dotation forfaitaire, et contre l’avis du Gouvernement, d’augmenter l’enveloppe globale de 290 M€.
Taxe d’habitation sur les résidences secondaires
Enfin le Sénat avait décidé de décorréler la variation du taux de taxe d’habitation sur les résidences secondaires (THRS) et de la taxe foncière (TFPB). Objectif, redonner aux communes des marges de manœuvre sur leur fiscalité propre et leur permettre de répondre à des enjeux locaux. Reste à savoir si cette mesure, demandée par de nombreux élus, restera en vigueur dans la prochaine loi de finances.
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