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Le budget vert
Charles Deffayes • sept. 30, 2024

Budget Vert : Un outil d'analyse pour les collectivités

Le changement climatique dû aux activités humaines est au cœur de l’actualité. Depuis l’accord de Paris, les nations du monde entier se sont données comme objectif de contenir l’élévation de la température moyenne de la planète à moins de 2°C par rapport au niveau préindustriel. L’objectif poursuivi est que les effets du changement climatique seraient sensiblement réduits. Mais le changement climatique a d’autres effets que la seule élévation des températures terrestres. Il touche également la biodiversité de l’environnement et les ressources naturelles.


Le gouvernement entend mettre en place des mesures pour atténuer le changement climatique, mais également s’adapter aux conséquences déjà visibles, et celles à venir d’un tel changement climatique. L’Etat veut faire participer les collectivités à cet effort, car ces dernières représentent plus de 20% du parc immobilier public et plus de 60% des investissements publics civils. De plus, par leurs compétences variées, elles en font des acteurs majeurs de la transition écologique.


Dès lors, la question se pose sur le mode d’action. Chaque collectivité a sa propre façon d’agir à son échelle.

Le principal enjeu est donc de quantifier ces actions pour les valoriser et faciliter la planification de la transition écologique à l’échelle du territoire. La France a mis en place une budgétisation verte pour classer les dépenses budgétaires et fiscales en fonction de l’impact qu’elles ont sur l’environnement, pour avoir un outil de pilotage et d’analyse pour intégrer la composante environnementale dans le pilotage des politiques publiques. C’est ce que l’on a appelé la budgétisation verte.


Depuis 2020, après la présentation du PLF, un rapport sur l’impact environnemental du budget de l’État est publié. Dans ce rapport se trouve le « budget vert » qui classe et chiffre les dépenses et crédits de l’État en fonction de leur impact environnemental. L’idée est d’avoir une vision exhaustive des moyens étatiques pour les politiques environnementales. Le budget vert présente donc l’impact environnemental des crédits et dépenses fiscales du PLF. C’est un outil d’analyse de l’impact environnemental du budget.


La loi de finances pour 2024 et son article 191 prévoie que les collectivités territoriales doivent présenter une nouvelle annexe au compte administratif ou au compte financier unique. Cette annexe intitulée « Annexe environnementale des collectivités locales » permet de mesurer l’impact des budgets sur la transition écologique. Ce document présentera les dépenses d’investissement qui ont un impact positif ou négatif sur les objectifs de transition écologique de la France.


Comme pour le budget vert de l’État, le but poursuivi par la mise en place d’un budget vert des collectivités est d’intégrer les enjeux environnementaux dans le pilotage des politiques publiques. C’est avant tout un outil d’analyse.


Ce budget vert permettra de valoriser les choix d’investissements réalisés par les collectivités qui ont un impact positif sur l’environnement. À terme, avoir des données précises sur le volume d’investissement vert au niveau local, permettra de planifier au mieux la transition écologique à l’échelle du territoire.  C’est en même temps une boussole budgétaire et un indicateur interne pour orienter les collectivités vers des politiques publiques plus vertes et mettre la transition écologique au cœur des discussions budgétaires.


Le fonctionnement du budget vert


Avant d’entamer le fonctionnement du budget vert, il est important d’évoquer la taxonomie verte de l’Union européenne. La taxonomie verte de l’UE est un système de classification des activités économiques pour identifier celles qui sont respectueuses de l’environnement.

C’est-à-dire celles qui n’aggravent pas le changement climatique. Elle a été adoptée en 2020 avec le règlement « Taxonomie ».

C’est surtout une classification des activités économiques européennes. L’idée était à l’origine d’orienter les investissements sur des activités durables. Ces activités pour être retenues comme durable devait contribuer de façon substantielle à « l’atténuation et l’adaptation au changement climatique » parmi de nombreux secteurs.


Par conséquent, les activités sont classées comme durable si elles correspondent au moins à l’un des six objectifs suivants :

  • atténuation du changement climatique
  • adaptation au changement climatique
  • utilisation durable et protection des ressources aquatiques et marines
  • transition vers une économie circulaire
  • contrôle de la pollution
  • protection et restauration de la biodiversité et des écosystèmes.


D’abord conçu pour le secteur privé, cette taxonomie va être reprise par les organismes publics et notamment les objectifs qui vont servir d’axe pour le budget vert.

Ces objectifs, ou axes, vont servir de base pour établir une notation sur les lignes budgétaires. Ils reprennent quasiment les objectifs de la taxonomie verte européenne et sont la pierre angulaire du budget vert puisque le point de départ de l’analyse de l’impact environnemental des dépenses se fait à partir de ces axes. Chaque axe suit sa propre logique de classement et ses propres critères. Néanmoins, pour chacun d’entre eux, la logique reste la même, avec des dépenses qui sont soit favorables, soit neutres, ou bien défavorables, mais qu’en fonction de l’axe, les crédits ne vont pas être analysés de la même manière.


Dans un premier temps, regardons ce qui doit être analysé. En l’occurrence, l’analyse porte sur les lignes budgétaires par nature. On se situe ici dans la section d’investissement. Néanmoins, il est possible de procéder à cette analyse également sur les dépenses de fonctionnement, cela restant néanmoins facultatif.


D’emblée, excluons certaines lignes : les lignes dites « hors périmètre ». Certaines lignes sont « neutres ». D’autres lignes sont dans une catégorie particulière de « à approfondir » et celles qui restent sont dans la catégorie « à analyser ».

Les lignes « hors périmètres » correspondent aux recettes, mais également à toutes les lignes correspondant aux écritures comptables. La catégorie hors périmètre inclut ce qui n’est pas de la dépense réelle.


Les lignes neutres sont des dépenses réelles, mais qui par leur caractère ne peuvent faire l’objet d’une analyse sur l’impact environnemental. Cela inclut notamment les dépenses aux différentes caisses de cotisations, les dépenses pour des œuvres d’art.


Les lignes « à approfondir » sont celles dont une analyse approfondie classerait ces dépenses. Seulement, une telle analyse demanderait de la part de la collectivité de réorganiser la remontée d’information pour pouvoir avoir une analyse pertinente. Les lignes concernées sont notamment celle concernant les achats de matériel, de fourniture.


À ce stade, il faut préciser qu’une dépense considérée comme neutre ou à approfondir peuvent analyser et classer. Néanmoins, la collectivité doit étayer les raisons de son classement.


La dernière catégorie de ligne est « à analyser ». Ces lignes doivent faire l’objet d’une analyse, car elles correspondent à des dépenses à enjeu pour l’axe en question. Elles doivent faire l’objet d’une analyse détaillée par confrontation avec les actions listées et les critères de classement définis par l’axe.

Elles sont analysées peu importe la fonction à laquelle elles sont rattachées. C’est une analyse transversale à l’ensemble du budget pour ces lignes budgétaires. Cette catégorie inclut aussi bien les dépenses de constructions, réseaux de voirie, l’alimentation, transports, mais également la formation professionnelle. C’est une catégorie très large.


Les lignes qui n’ont pas pu faire l’objet d’une analyse directe par nature vont être traitées par fonction. Les fonctions (dans la nomenclature M57) sont rangées en trois grandes catégories : celles qui concernent directement les enjeux de climat, celles qui ont un enjeu climatique, mais qui sont moins directement analysables avec les critères de classement et celles qui concernent des politiques publiques présentant moins de leviers par rapport à l’axe analysé.


Les fonctions qui sont dans la catégorie « à analyser » doivent faire l’objet d’une analyse pour l’ensemble des sous-chapitres, et cette analyse doit confronter ces sous-chapitres aux critères de classement.


Pour la seconde catégorie, certaines actions vont parfois être directement analysables au regard des critères de classement. Dans ce cas, comme pour la première catégorie, il faut procéder à une analyse en détail pour les lignes concernées. Si ça n’est pas directement analysable, soit la commune procède à des remontées d’information supplémentaire pour permettre une analyse en détail, soit la commune décide de ne pas analyser ces lignes.


Dans le premier cas, l’analyse doit confronter l’action au critère de classement et pouvoir déterminer la notation de la dépense.


Au cas où la collectivité déciderait de renoncer à réaliser cette analyse complémentaire, ces dépenses seront classées comme « à approfondir ».

Dans les résultats finaux, les dépenses classées comme « à approfondir » permettent ainsi d’identifier des dépenses présentant un enjeu climatique potentiel, mais pour lesquelles une analyse complémentaire sera nécessaire pour affiner l’évaluation climat (volet atténuation) dans les prochaines années.


Il peut également arriver, que ce soit pour l’analyse par nature ou pour l’analyse par fonction, ce que l’on appelle un indéfini méthodologique, c’est-à-dire que la dépense présente des enjeux, mais que le cadre méthodologique ne permet pas encore d’analyser.


Après ces analyses par fonction et par nature, si certaines lignes restent dans la catégorie « à approfondir » la collectivité peut décider d’une remontée d’information extracomptable pour aider à analyser ces lignes avec les critères de classement. Si ces données ne sont pas encore disponibles, les lignes restent dans la catégorie « à approfondir ».


Le système de classement des dépenses


La logique est en apparence simple, chaque dépense fait l’objet d’une analyse au regard de chaque axe de la taxonomie européenne.


L’analyse donne un résultat qui est, soit favorable, neutre ou défavorable. Chaque axe a ses propres critères de classement, son périmètre d’analyse. Au sein des différents axes, les lignes budgétaires sont rattachées à une ou plusieurs rubriques et l’analyse se fait en fonction des critères de classement de la rubrique.

Ces critères de classement prévoient qu’un type d’action est favorable si elle respecte tel critère préétabli et qu’elle est défavorable si elle ne les respecte pas. Elle est neutre si l’action n’a aucun impact selon l’axe d’analyse considéré.


Il est important que la ligne budgétaire soit analysée au regard des critères posés par chaque rubrique ou chaque axe.


Au sein d’un même axe, les rubriques peuvent avoir des critères de classement qui sont différents. I

l faut également faire attention au fait que chaque axe ne suit pas exactement la même logique de classement.

L’axe 1 « atténuation du changement climatique » et l’axe 6 « préservation de la biodiversité » n’ont pas la même logique pour classer les dépenses. L’axe 6, va prévoir un classement en fonction de facteur de pression que l’action peut avoir sur la biodiversité, là où l’axe 1 classe en fonction de critère bien précis.


Exemple : acheter un camion électrique va être classé comme favorable dans la rubrique transport de l’axe 1. Puisqu'un moteur électrique est considéré comme favorable. Là où dans l’axe 6, cela pourrait être différent en raison des minerais utilisés dans le moteur électrique.


Des guides méthodologiques pour chaque axe ont été mis en place par la DGCL pour avoir tous les critères de classement pour chaque axe.


La mise en place du budget vert


Le décret qui met en place le budget vert, adopté le 16/07/2024, précise la mise en place progressive du budget vert.

Dans un premier temps, le décret précise que pour 2024 seulement 17 comptes de la section investissement vont être concernés, notamment ceux pour les bâtiments scolaires, les terrains bâtis, les réseaux et installations de voirie, les constructions en cours ou encore le matériel et transport ferroviaire. Puis, dès 2025, l’ensemble des comptes des dépenses réelles d’investissement devront être inscrits au budget vert, à l’exception des remboursements d’emprunt. Ce dernier élément comporte néanmoins une exception avec la possibilité d’y inscrire ce que l’on appelle la dette verte. Cette possibilité reste facultative.


S’agissant des axes, là aussi une mise en place progressive est prévue. Pour 2024, l’axe « atténuation du changement climatique » sera obligatoire avec, comme évoqué plus haut, 17 comptes qui doivent être obligatoirement présentés.

Pour 2025, il faudra obligatoirement présenter pour tous les comptes l’axe d’atténuation et l’axe préservation de la biodiversité. Dès 2027, il faudra présenter, pour tous les axes chaque compte au budget vert.


Pour rappel, les différents axes sont : 


  • Atténuation du changement climatique, qui doit être présenté dans le budget vert dès 2024.
  • adaptation au changement climatique, qui doit être présenté dans le budget vert à partir de 2027.
  • Gestion des ressources en eau, qui doit être présenté dans le budget vert à partir de 2027.
  • Transition vers une économie circulaire, qui doit être présenté dans le budget vert à partir de 2027.
  • Prévention et contrôle des pollutions de l’air et des sols, qui doit être présenté dans le budget vert à partir de 2027.
  • Préservation de la biodiversité, qui doit être présenté dans le budget vert pour le compte administratif de 2025.


La forme du budget vert


Les collectivités sont assez libres sur les moyens pour concevoir le budget vert. Néanmoins, le budget vert doit se présenter sous la forme de tableaux. Un tableau par axe et un synthétisant les différents résultats de notations sur les différents axes.

Les tableaux présentant pour les lignes budgétaires par nature les agrégats de la nomenclature M57. Mais également des tableaux présentant les résultats des cotations par fonction. Ces tableaux indiquent le montant des dépenses favorables à l’axe, mixte, défavorables, et neutres et également celles hors périmètre.


Ci-dessus, un exemple de tableau présenté dans le budget vert. Une aide à la conception de ce tableau est donnée sur le site de la DGCL.


Le budget vert demande de la part des collectivités des process pour la remontée d’informations efficace pour que le budget vert poursuive son véritable objectif qui est d’introduire une vraie discussion sur la politique environnementale dans le dialogue de gestion. Une acculturation sera forcément nécessaire pour de nombreux services, néanmoins à termes, cela permettre de bien mieux prendre en compte les facteurs environnementaux et écologiques dans la préparation du budget.

Marion Felet de I4CE, l’institut derrière les axes de la taxonomie européenne et des critères de classement du budget vert, explique : « L’annexe verte est un premier pas vers la budgétisation verte ».  De plus, ce budget vert, va contribuer à rendre transparentes les politiques publiques environnementales et leur coût.

 

 

Documents de référence


https://www.collectivites-locales.gouv.fr/finances-locales/budget-vert-des-collectivites

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000050001045


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État des Finances Publiques et étude approfondie de la situation financière des collectivités Bilan des Finances publiques : Une vue d’ensemble Selon la note de conjoncture des finances locales de la Banque Postale publiée en septembre 2023, la gestion des budgets locaux en 2023 se trouve dans une situation difficile, marquée par une série d'événements perturbateurs tels que la crise énergétique et la pandémie mondiale . Cette situation soulève des interrogations quant à la pérennité de la décentralisation . Malgré une augmentation atteignant 172,8 milliards d'euros en 2023, soit une hausse de 3,2%, le niveau des recettes fiscales ne suffit pas à compenser la croissance des dépenses sociales , du prix de l' énergie et de l' alimentation , ainsi que de la masse salariale . Les recettes provenant des droits de mutation immobilière sont en baisse, ce qui entraîne une réduction de l' autofinancement . Désormais, l’orientation future repose sur deux piliers essentiels : la gestion de l’inflation d’une part, et la transition écologique d’autre part, qui s’annonce comme un impératif.
par Sahar MANSOUR 13 sept., 2023
En 2023, les opérations de prêts sur gages gérées par les caisses de crédit municipal poursuivent leur expansion, reproduisant ainsi la tendance observée en 2022. En France, le montant total des prêts à gages en cours s'élevaient à 390 millions d'euros en 2022, d'après La Gazette des Communes avec 418 000 articles déposés la même année. Toutefois, il convient de noter que la santé économique globale peut influencer le fonctionnement de ces institutions. La Dynamique des Caisses de Crédit Municipal en 2023 : Entre Expansion et Complexité Les caisses de crédit municipal sont des organismes publics locaux dont le fonctionnement est étroitement lié à la vision stratégique du maire de la commune où elles sont établies. Il est important de noter que certaines municipalités peuvent décider de mettre un terme à leurs activités de crédit municipal , comme cela a été récemment le cas à Rouen. En revanche, d'autres caisses, à l'image de celle de Nantes, font le choix de persévérer et de s'étendre en reprenant les activités de caisses voisines, telles que celles de Rouen, tout en ouvrant de nouvelles agences, notamment à Rennes et Brest. Le prêt sur gages : une activité fortement influencée par les fluctuations économiques Crise de la Covid-19 et hausse du prix de l'or Comme explique La Gazette des Communes, le prêt sur gages est une "activité contracyclique" , ce qui signifie qu'elle varie en fonction de la conjoncture économique (1). La crise du Covid-19 a eu un impact significatif sur l'économie mondiale, entraînant une récession , une v olatilité des marchés financiers et une hausse de l'inflation . Ces facteurs ont contribué à une hausse du prix de l'or , qui est traditionnellement considéré comme une valeur refuge en période d'incertitude. Parmi les facteurs spécifiques qui ont contribué à la hausse du prix de l'or pendant la crise du Covid-19 : - La récession économique a entraîné une baisse des taux d'intérêt , ce qui a rendu l'or plus attrayant pour les investisseurs. - La volatilité des marchés financiers a également contribué à la hausse du prix de l'or. - La hausse de l'inflation a également joué un rôle puisque l'or est un investissement qui conserve sa valeur en cas d'inflation. La hausse du prix de l'or pendant la crise du Covid-19 a été importante. Le prix de l'once d'or a atteint un sommet historique de 2 075,47 dollars en août 2020. Depuis lors, le prix a baissé mais reste à un niveau élevé. Il est important de noter que le prix de l'or est volatil et qu'il peut fluctuer en fonction d'un certain nombre de facteurs. La crise du Covid-19 est un événement unique qui a eu un impact significatif sur l'économie mondiale. Il reste difficile de prédire comment le prix de l'or évoluera à l'avenir. Diversification des activités des caisses de crédit municipal Lorsque ces établissements de crédit municipal se trouvent en difficulté financière , ils ont la possibilité de se tourner vers leur unique actionnaire, la commune , pour obtenir un soutien financier . Cependant, pour réduire leur dépendance au refinancement bancaire et diversifier leurs sources de revenus, ces institutions ont élargi leurs activités. La diversification des activités des caisses de crédit municipal a été mis en place par ces établissements depuis plusieurs années. Elles proposent désormais une gamme de services d'épargne , notamment la gestion de comptes , l'octroi de crédits bancaires , les microcrédits , la gestion de placements , et la promotion de produits d'épargne . Cette diversification de leurs activités leur permet de mieux faire face à la demande croissante de prêts sur gages tout en réduisant leur dépendance aux financements externes provenant des banques. Cela contribue à renforcer leur position financière. Défis liés à la complexité des crédits municipaux Les défis liés aux crédits municipaux sont complexes et variés. Ils peuvent être liés à la gouvernance, à la réglementation, à la concurrence ou à l'environnement économique. Gouvernance D'après Clémence Villedieu dans La Gazette des Communes (2), le fonctionnement des crédits municipaux peut être mis à mal en raison de la complexité de leur gouvernance . La gouvernance des crédits municipaux est complexe car elle implique une variété d'acteurs , tels que les gouvernements locaux , les investisseurs privés , les emprunteurs et les citoyens . Ces acteurs peuvent avoir des considérations politiques et financières complexes, ce qui peut rendre leur fonctionnement plus vulnérable aux défis financiers . Réglementations Les crédits municipaux sont soumis à des réglementations spécifiques, qui varient d'un pays à l'autre. Ces réglementations peuvent compliquer la mise en place de nouveaux produits ou services et limiter le champs d'action des crédits municipaux . Environnement économique Comme expliqué précédemment, les crédits municipaux sont sensibles aux fluctuations de l'environnement économique . Une récession économique peut entraîner une augmentation du défaut de paiement des emprunteurs, ce qui peut avoir un impact négatif sur la rentabilité des crédits municipaux. (1), (2) : La Gazette des Communes, 12/09/2023, Crédits municipaux : un équilibre financier sur le fil (lagazettedescommunes.com)
par Sahar MANSOUR 31 août, 2023
Alors qu’il avait été présenté le 13 juin dernier lors du Comité des finances locales (CFL), la publication au Journal Officiel du décret s’est longuement fait attendre. Ce 26 août 2023 marque la fin de l’attente pour les collectivités locales, avec la publication au Journal Officiel du décret n°2023-822 du 25 août 2023 modifiant le décret n°2013-392 du 10 mai 2013 relatif au champ d’application de la taxe annuelle sur les logements vacants. Qu'est-ce que la taxe sur les logements vacants ? La taxe sur les Logements Vacants (TLV) s’applique aux logements non meublés qui sont vacants depuis au moins un an au 1 er janvier de l’année d’imposition. Depuis janvier 2023, les taux de la TLV sont de 17% la première année, puis 34% à partir de la deuxième année de vacance. Certaines exemptions incluent les résidences secondaires , les logements sociaux (HLM), les logements occupés plus de 90 jours consécutifs par an, et les logements dont la vacance n’est pas volontaire (par exemple, ceux mis en vente au prix du marché mais ne trouvant pas d’acquéreur) ainsi que les logements en travaux (urbanisme, réhabilitation ou démolition). Le champ d’application de la TLV se confond avec celui de la majoration de la Taxe d’habitation sur les résidences secondaires. Cette TLV ne doit pas être confondue avec la Taxe d’Habitation sur les Logements Vacants , applicable par les communes dans lesquelles la TLV ne peut être instaurée. Une évolution du régime de la TLV qui répond aux nouveaux défis du logement Initialement, la Taxe sur les Logements vacants , réglementée par l’article 232 du code général des impôts, s’appliquait dans les zones urbaines continues de plus de 50 000 habitants présentant un déséquilibre marqué entre logements disponibles et demande. Cette situation existe toujours mais l’apparition d’un autre phénomène a nécessité un élargissement de l’application de ce régime. En effet, dans de nombreuses communes ne répondant pas aux critères de population exprimés plus haut, une situation de tension se manifeste malgré tout au niveau du logement disponible, ceci étant provoqué notamment par un grand nombre de résidences réservées à l’ usage secondaire , pouvant parfois excéder la moitié des logements de ces communes, souvent en bord de mer ou en montagne. Le décret vient dès lors répondre à cette problématique en ajoutant une seconde possibilité d’instaurer la TLV et la majoration de la THRS : dans les communes ne répondant pas à ce plancher de 50 000 habitants, mais où l’on constate une situation de tension de logement similaire, renforcée par une proportion importante d’habitations affectées à un usage autre que la résidence principale . Il a alors deux objectifs principaux : premièrement, établir une liste des communes éligibles à ces nouvelles règles définies, et deuxièmement, mettre à jour la liste des communes déjà concernées par la condition existante précédente. 2 263 communes ajoutées à la liste du décret En effet, après une longue période de tergiversation, le gouvernement a finalement publié le décret ce 26 août 2023, apportant des modifications à la liste des communes autorisées à imposer une taxe annuelle sur les logements vacants , ainsi qu’à celles qui peuvent introduire une majoration de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires . Plus précisément, 2 263 communes sont ajoutées à la liste du décret, qui en comptait jusqu’alors 1 424 pouvant instaurer la taxe annuelle sur les logements vacants. Ces dernières ont jusqu’au 1er octobre pour prendre une décision de délibération applicable à partir du 1er janvier 2024 . En complément du décret, des ajustements pourraient être apportés dans le PLF 2024 dans le cas où des communes subiraient une perte de recettes liée à ces nouvelles règles. En effet, lors de la présentation du décret devant le comité des finances locales (CFL), celui-ci avait fait l’objet de quelques interrogations, notamment dans la mesure où 410 communes vont perdre la THLV au profit de la TLV et de la THRS . A noter, la fiche d’impact qui a été présentée aux membres du CFL précisait « qu’une vingtaine de communes (notamment d’outre-mer) ne compenseront pas la perte y compris en majorant la THRS à hauteur de 60% ». De plus, elle ajoutait qu’un « mécanisme de compensation pourrait être envisagé par une actualisation du prélèvement sur recettes instauré par l’article 16 de la loi de finances pour 2013 par exemple ». >> Décret du 25 août 2023 relatif au champ d'application de la taxe annuelle sur les logements vacants instituée par l'article 232 du code général des impôts
par Sahar MANSOUR 28 juil., 2023
En France, selon CATDAT ¹, de 1980 à 2020, les pertes financières dû aux évènements climatiques s’élevèrent à 100 milliards d’euros, dont 40 milliards d’euros assurées. Les risques climatiques laissent les collectivités s’interroger quant aux éventuels coûts futurs , étant donné les prévisions climatiques critiques. En effet, en plus d’impacter les vies humaines et le système écologique , les infrastructures sont elles aussi frappées. D’ici 2050, les dangers météorologiques se multiplieront et laisseront le territoire gagner en température entraînant la fonte des glaciers de montagne, les incendies partout en France, la contaminations des eaux potables, etc. Des collectivités locales confrontées à l’essor croissant des risques financiers liés au changement climatique Patrimoine des collectivités En France, le montant du patrimoine des collectivités territoriales est estimé à 1 832 milliards d’euros en 2021, soit 73% du PIB. Ce patrimoine est composé d’infrastructures, bâtiments, équipements et réseaux divers permettant d’exercer les compétences qui leurs permettent d’assurer la gestion de services publics divers. Les communes sont les plus importantes détentrices de patrimoine, suivies des départements et des régions. Les évènements climatiques se traduisent par la dégradation de ces équipements publics, à ce titre, il est essentiel que les collectivités s’engagent dans des mesures de préventions pour minimiser l’impact de leur exposition aux dommages qui dégraderaient leur patrimoine. Etat de catastrophe naturelle En France, entre 2019 et 2022, l’état de catastrophe naturelle (CatNat² ) - qui représente la garantie mise en place par l’Etat depuis 1982 afin d’indemniser les victimes d’événements naturels -, a été reconnu pour 163 communes. De nombreux dommages ont été constatés et causés par les inondations et coulées de boue , mouvements de terrains , séismes et vents cycloniques . En 2023, par arrêté interministériel du 3 avril 2023, publié au Journal Officiel le 3 mai 2023, 77 communes ont été reconnues en état de catastrophe naturelle, touchées par les mouvements de terrain différentiels consécutifs à la sécheresse et à la déshydratation des sols . A titre d’exemple, l’agglomération de Pointe-à-Pitre tente de reconstituer ses défenses naturelles et considère la possibilité de relocaliser sa population pour faire face aux inondations fréquentes. Chaque année, 10% des communes sont reconnues en état de catastrophe naturelle, ce qui représente 1 milliard d’euros d’ indemnisation . Principaux facteurs de risques climatiques (type CatNat) et projections futures Les inondations : 21,6 milliards d’euros cumulés de 1982 à 2020 pour le marché de l’assurance avec +110% d’augmentation de la sinistralité à horizon 2050 pour les dommages liés au risque de crue lente et +130% pour les dommages liés au risque de crue torrentielle pour l’ensemble du territoire métropolitain. Le risque sécheresse ou “retrait-gonflement des sols” : Phénomène qui induit des tassements différentiels provoquant des dommages aux constructions qui n’ont pas de structures suffisamment solides. Le coût pour le marché de l’assurance s’élève à 15,2 milliards d’euros de 1989 à 2020. La sécheresse représente un enjeu de taille pour le marché de l’assurance avec des épisodes récurrents depuis 2016 liés à ce risque et des dommages assurantiels conséquents. Une augmentation de plus de 60% de la sinistralité a été annoncé, d’ici à horizon 2050. Erosion côtière : 234 communes sont exposées à des risques accrus d' érosion côtière et de submersion en raison de la montée du niveau de la mer et des tempêtes marines. Cela peut entraîner la perte de terres, la destruction d'infrastructures côtières et des déplacements de population . D’ici à 2050, 864 communes françaises seraient concernées. Mécanisme de soutien financier Il existe des mécanismes de soutien financier mis en place pour contrecarrer les conséquences financières liées aux évènements climatiques. Les collectivités locales bénéficient, comme chaque bien assuré en France qu’il soit public ou privé, d’une couverture assurantielle dans le cas des catastrophes naturelles, “CatNat”. L' Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) anticipe pour le régime CatNat une hausse moyenne des primes à hauteur de 172% (2019-2050) en prenant en compte la hausse de la sinistralité. Face aux catastrophes naturelles, les collectivités peuvent bénéficier du fonds de prévention des risques naturels majeurs (FPRNM) , aussi appelé le Fonds Barnier , qui subventionne les actions de prévention des risques particuliers et des collectivités. Les infrastructures sinistrées peuvent faire l’objet de versements de dotations de la part de l’Etat ou de collectivités dans le but d’assurer la reconstruction. Il est important de noter que les conditions contractuelles proposées par les assureurs sont de plus en plus intransigeantes (hausse des primes, etc.) en raison de la hausse des coûts d’indemnisation des catastrophes climatiques. Certains refusent même d’assurer les collectivités qui sont très exposées au risque climatique. L’impact financier des évènements climatiques sur les collectivités, du point de vue du secteur bancaire Intégration facteurs ESG L’Autorité Bancaire Européenne (EBA) et la Banque Centrale européenne (BCE) ont évoqué depuis plusieurs années des règlements applicables aux banques concernant des facteurs environnementaux, sociétaux et de gouvernance (ESG). Les établissements bancaires sont aujourd’hui appelés à intégrer les facteurs ESG au sein de politique d’appétit au risque ainsi que dans l’appréciation du risque de crédit. Cela signifie que lorsque les établissements bancaires accordent des prêts aux collectivités territoriales, ils évaluent le risque que ces emprunteurs ne soient pas en mesure de rembourser leurs dettes. En intégrant les facteurs ESG dans cette évaluation, les banques examinent comment les risques liés à l’environnement (dans le cas des risques climatiques ) peuvent influencer la capacité des collectivités à honorer leurs engagements financiers. A titre d’exemple, si une municipalité est confrontée à des risques d’inondations récurrentes en raison du changement climatique, cela peut être pris en compte dans l’évaluation de risque de crédit pour cette dernière. En incorporant les facteurs ESG dans la politique d’appétit au risque et dans l’appréciation du risque de crédit, les établissements bancaires cherchent à améliorer leur gestion des risques et à prendre en compte les considérations environnementales dans leur prise de décision. Cela reflète également une prise de conscience croissante de l'importance de la durabilité et de la responsabilité sociale dans le secteur financier, et comment cela peut avoir un impact sur la stabilité financière globale et la résilience des collectivités face aux défis climatiques et sociaux. L’intégration des facteurs ESG dans les décisions bancaires n’est pas seulement une approche de gestion des risques pour les banques et est bénéfique aux collectivités L’intégration des facteurs ESG dans l’appréciation du risque de crédit permet aux banques de mieux évaluer les risques liés aux collectivités. Cela peut alors conduire à des prêts plus responsables, adaptés aux capacités financières des collectivités, et réduire le risque de surendettement ou de défaut de paiement. De cette manière, les collectivités peuvent mieux gérer leur endettement et assurer leur stabilité financière à long terme. Actions de la Banque de France et de l’ACPR Les risques liés aux évènements climatiques sont une source importante de perte financière. La Banque de France et l' Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) travaillent en vue d'acquérir une connaissance optimale de l'exposition du secteur bancaire et de l'assurance aux risques liés au changement climatique et pour s'assurer qu'ils soient en mesure d'y faire face. L’ACPR a mis en place en 2019 une Commission Climat et Finance Durable , pour prendre en compte les enjeux liés aux risques climatiques ainsi que sur les développements des finances durables ; L’institution intègre des enjeux climatiques à la politique monétaire ; La Banque de France contribue à investir son argent de manière responsable , dans des projets et entreprises qui prennent en compte les critères ESG ; La Banque de France développe la recherche pour améliorer la compréhension des enjeux financiers liés aux changement climatique ou aux politiques publiques mise en place en matière climatique ; … ¹ Base de données climatiques ² “CatNat”: Régime spécial d’indemnisation des catastrophes naturelles, institué par le Parlement en 1982
par Sahar MANSOUR 26 juil., 2023
Expliquer les hausses des fiscalités locales : Comprendre les contraintes économiques des collectivités et des élus 
par Sahar MANSOUR 07 juil., 2023
Impact de la hausse des taux d'intérêt sur les collectivités : repenser la gestion de la dette Depuis un an, la hausse des taux d'intérêt est importante. Cette hausse se caractérise par une augmentation de la charge de la dette , puisque les emprunteurs devront payer des intérêts plus élevés sur leur prêts en cours, si ces derniers ont été contractés à taux variable . Les collectivités se posent alors des questions quant à la hausse de la charge de la dette qui devrait avoisiner les 52 milliards d'euros en 2023 et s'interrogent sur leur stratégie de gestion de la dette pour ne pas être durablement pénalisées. Pourquoi la BCE augmente-t-elle ses taux ? En raison de l’ inflation qui sévit en Europe depuis plusieurs mois, la BCE augmente ses taux d’intérêts pour maintenir la stabilité des prix . En effet, au cours de ces derniers mois, la Banque Centrale Européenne a augmenté ses taux plusieurs fois, pour contrecarrer les prix qui ont fortement augmenté ces derniers mois (alimentation, logement, énergie). Les causes de la hausse des prix sont liées à la guerre en Ukraine mais aussi à la crise sanitaire et au grippage des chaînes logistiques mondiales. Selon les statuts de l’institution, le taux d’inflation devrait être maintenu à 2% par an. Cependant, dans la zone euro, les prix ont augmenté plus que ce qui était prévu : 25% pour l’énergie et 16% pour l’alimentation. Le taux de refinancement de la BCE est alors passé de 0% à 4% de juillet 2022 à juin 2023. Pour rappel, le taux de refinancement correspond au taux principal que la BCE utilise pour prêter aux banques commerciales qui ont besoin de liquidité dans la semaine. Si ce taux est élevé, il y aura un impact direct sur les taux d’intérêts des banques qui vont à leur tour procéder à une augmentation auprès de leurs clients (pour les prêts immobiliers par exemple). Le Conseil des gouverneurs de la BCE a annoncé, le 16 mars 2023, une septième hausse des taux avec une hausse de 0.5 point . L’objectif de la BCE avec cette augmentation est de permettre un retour du taux d’inflation à sa cible statutaire de 2% d’ici à fin 2025. Coût moyen de la dette en hausse : les collectivités repensent leur stratégie de gestion de la dette Les collectivités locales étaient déjà bien protégées contre l’augmentation des taux d’intérêts avec une part importante de leur dette à taux fixe (qui représentait 75% des encours en 2022) avant que les taux ne montent. Cette partie de leur dette à taux fixe permet de stabiliser le coût moyen de leur dette et leur offre alors une meilleure performance et visibilité des frais financiers . En effet, de 2016 à 2022, les taux fixes ont été relativement bas, ce qui a permis d'amortir la hausse des taux variables. Evolution de la part à taux variables L’évolution du coût de la dette à taux dépend des indices retenus et des marges associées . En 2022, le coût de la dette à taux variable était d’environ 1% avec une marge de 0.8%. En 2023, l’impact de la hausse de taux n’est pas encore définitive puisque certains montants de 2022 sont toujours en vigueur en 2023. Une fois fixé, considérant la même marge de 0.8%, le coût de la dette à taux variable a triplé sur 15% de l'encours global par rapport à 2022 et avoisine les 3.5%. Comment les collectivités adaptent-t-elles la gestion de leur dette en constante évolution pour la rendre plus flexible ? Face à la hausse des taux, les collectivités repensent leur stratégie de gestion de la dette . Au cours des dernières années, il y a eu des changements dans la manière dont l’ encours de dette des collectivités est indexé, avec une préférence pour les taux fixes . Cette évolution est liée à la compétitivité des taux de marché . La recherche de nouveaux financements : garantir la liquidité Les collectivités peuvent lancer des consultations des nouveaux financements pour financer leurs investissements. Ce peut être l'occasion d'introduire plus de taux variable dans leur encours . L'objectif de cette stratégie est de profiter de la concurrence entre les banques et d'optimiser les conditions financières. En diversifiant leurs sources de financement , elles peuvent espérer obtenir des taux plus avantageux et potentiellement réduire ou limiter leurs coûts d'emprunt . En introduisant plus de taux variables dans leur encours de dette , les collectivités intègrent une plus grande souplesse de gestion de leur encours de dette. En effet, à taux fixe, les contrats sont le plus souvent assortis de pénalités de remboursement anticipé qui dissuadent de toute renégociation. Cela signifie qu’elles peuvent contracter des prêts à taux fixe, à taux variable, voire à taux structuré . Les prêts à taux variable sont liés à un indice de référence, comme les Euribor (1, 3, 6 ou 12 mois) ou le Livret A , qui peuvent fluctuer au fil du temps. En incluant des prêts à taux variable dans leur portefeuille de dettes , les collectivités peuvent profiter des variations des taux d'intérêt. Si les taux d'intérêt baissent, les collectivités peuvent bénéficier d'une diminution du coût de la dette. Surtout, les conditions de sortie des emprunts à taux indexé restent souvent plus favorables qu'à taux fixe, permettant d'envisager une renégociation des marges . Il est cependant important de noter que l’utilisation de prêts à taux variable comporte également des risques : Si les taux d'intérêt augmentent, les coûts d'emprunt des collectivités peuvent également augmenter, ce qui peut entraîner une augmentation des charges d'intérêts . Par conséquent, les collectivités doivent évaluer attentivement leur capacité à gérer les fluctuations des taux d'intérêt avant d'opter pour une stratégie de diversification de leurs sources de financement , et se fixer des taux objectifs absorbables. Dans la période actuelle, il importe d'abord de gérer son risque de liquidité et de dissocier le risque de taux, qui peut être géré contractuellement (arbitrages et passages à taux fixe) ou via des contrats externes (swaps de taux,...). Le swap de taux d’intérêt Un swap de taux d’intérêt peut être utilisé pour convertir une partie de la dette à taux variable en une dette à taux fixe , ou inversement. Cela permet aux collectivités d’ajuster la structure de leur dette en fonction de leurs besoins et des conditions du marché, offrant ainsi une plus grande flexibilité dans la gestion des charges financières et des risques associés aux taux d’intérêt . Les collectivités qui ont une proportion significative de leur dette à taux fixe pourraient alors considérer le swap de taux d’intérêt comme une opportunité attrayante. Cela leur offre également la possibilité de bénéficier d’une potentielle baisse des taux d’intérêt à l’avenir. Les conditions requises pour procéder au swap sont les suivantes : Disposer d'une délibération autorisant l'exécutif à réaliser ce type d'opération Pour susciter de l'intérêt, il est préférable que le montant soit supérieur à 10 M€, bien qu'un montant minimum de 1 M€ soit également accepté Mise en concurrence d'au moins deux banques de contreparties Documentation réglementaire conséquente (EMIR¹, KYC²,...), parfois en anglais Disposer d'un LEI³ auprès de l'INSEE Les swaps de taux ne conviennent pas à toutes les collectivités, car elles doivent satisfaire aux critères préalablement énoncés. En outre, les swaps sont injustement associés à une réputation de produits toxiques. L’utilisation de swaps de taux d’intérêts est usuelle sur les marchés, notamment par les banques, mais ils présentent encore une image de risque pour les collectivités. Par conséquent les collectivités doivent évaluer soigneusement les avantages et les risques de cette stratégie et consulter des experts financiers avant de décider d’utiliser des swaps de taux d’intérêt dans leur gestion de la dette . De plus, il est préférable de disposer d'un personnel dédié à la gestion de la dette en interne. Les swaps présentent les avantages suivants : Aucune contrainte de timing ou de préavis lorsqu'il s'agit de gérer son risque de taux, chacun est libre de le faire à sa guise. Les seules contraintes à prendre en compte sont internes. Une relation équilibrée avec les banques, notamment en cas de sortie anticipée : la soulte, à payer ou à percevoir, est strictement égale à la différence entre le taux payé et le taux reçu sur le swap, alors que, sur un emprunt, elle est égale à la différence entre le taux de l'emprunt et une référence de marché hors marge . La possibilité "d'empiler" les swaps EMIR ¹ : Réglement européen sur les marchés de dérivés. Protection des acteurs non professionnels (particuliers, entreprises non financères, collectivités,etc) KYC ² : Know your customer : lutte contre le blanchiment d'argent et le terrorisme - loi SAPIN II LEI ³ : Legal Entity Identifier : n° d'immatriculation unique sur les marchés financiers
par Sahar MANSOUR 26 juin, 2023
Qu'est-ce qu'un BEGES (Bilan d'émissions de gaz à effet de serre) ?
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